Le voilier.

Voici une histoire entendue lors de la messe célébrant le décès du père d’un ami très proche. Elle fut racontée par l’un de ses enfants, dignement, droite, fière de cet au revoir. Je tente ici de la raconter, cela fait bien longtemps.

Sur le quai, les personnes s’amassaient en nombre. Certaines joyeuses, un drapeau à la main, d’autres exprimant la tristesse d’un au revoir, d’un adieu. Le capitaine, hisse les voiles et prend fièrement la barre. Le navire quitte le quai. Sous le soleil froid d’un matin d’hiver.

Le navire s’éloigne du rivage, puis, d’instant en instant, se fait petit, petit… S’approchant de l’horizon, il devient une tête d’épingle, puis disparaît derrière ce qui apparaît à certains comme un gouffre, à d’autres comme une promesse de voyage. Ceux qui sont restés, immobiles, sur le quai jusqu’au bout, les plus proches du capitaine sans doute, ne voient plus et restent silencieux…

Sous des latitudes que l’on appelle « le bout de la terre », on se presse sur le quai de ce petit port de pêche. Un événement curieux se produit. Un tête d’épingle apparaît à l’horizon, on célèbre l’arrivée future d’un bateau à voiles, jamais scelle promesse n’est arrivée ici. Les drapeaux se hissent, la ville se fait belle, la musique se fait entendre. On fête l’arrivée d’un nouvel hôte.

Et la musique résonne jusqu’au bout de la terre, par delà l’horizon.

Les expériences nous apprennent de drôles de choses, décidemment, comme celle qu’un proche décédé subitement, ou pas, est toujours là, vivant, près de nous. Et c’est notre nature profonde de le célébrer plus que de le pleurer.

Je vous invite à méditer sur cette histoire, sur le moment de la mort, sur ce moment de « passage ».