J’adore mon coussin (ou l’expérience de l’ordinaire).

La méditation est un plaisir. Et j’adore mon coussin.

Il se passe beaucoup de choses dessus : j’y pose mes fesses, je ressens tout le poids de mon corps, j’ajuste ma posture doucement, mais avec une intention forte : celle de trouver un équilibre naturel et sans effort.

C’est fou ce qu’un zafu peut accueillir comme sensations !

Je sens aussi qu’il prend le temps de s’adapter à moi, tantôt ferme, tantôt un peu moins, comme moi je m’adapte à lui en recherchant en permanence à me poser, aussi délicatement que je le peux (ce qui vu la taille de mes fesses pourrait parfois lui paraître difficile…).

Nous sommes dans une sorte de communion intime ou nous accueillons mutuellement nos moments de silence et de pleine conscience, qui ne vont pas toujours sans difficulté. Nous partageons cela.

On passe notre temps à rêver ensemble… puis soudain l’expérience semble se dérouler, instant après instant.

Je reviens du rêve et alors un instant je suis pleinement là : comme lorsqu’on ouvre les yeux ou qu’on ouvre une porte sur un espace frais. Quelque chose apparaît et un instant il n’y a pas de séparation entre moi et ce qui apparaît. C’est l’expérience pure.

Ensuite très rapidement – presque immédiatement même – il y a un commentaire « c’est magnifique », « c’est horrible », « c’est sans intérêt ». Ce commentaire peut changer l’expérience en rajoutant un étage, une couche, un filtre, une distance avec l’expérience nue. Dès l’instant où je pose des mots sur l’instant, c’est comme si l’instant prenait un sens différent, parfois plus riche, parfois plus simple, parfois plus pure…

L’expérience nue n’est pas extraordinaire. Elle est même parfaitement ordinaire, simple, claire et vive. C’est ce que l’on oublie tant de fois dans notre vie. L’expérience nue est ordinaire. ORDINAIRE. La pratique de la méditation n’est que faire apparaître à nos yeux ce qui est déjà là !

La magie de la méditation c’est qu’elle attire notre attention sur cette expérience nue : on apprend à distinguer l’esprit rempli de soif et de craintes et l’esprit libre. On apprend à distinguer lorsque le corps est posé sans histoire et lorsqu’il est perché et tendu.

Mon coussin n’est qu’un compagnon attentif et ordinaire dans cette histoire… et c’est énorme.

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