Stéphane Nau, coach professionnel certifié, instructeur de pleine conscience MBSR

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L’esprit du débutant, ou comment trouver de la joie en tout !

Qu’est ce que l’esprit du débutant, dont on parle dès que l’on commence à méditer ? Au début du programme « Mindfulness & Stress« , nous évoquons le fait de vivre l’expérience telle qu’elle se présente : « Nous n’avons que des instants à vivre », comme me l’a dit Jon Kabat Zinn lors d’une brève rencontre… Vivre l’instant et jouir de tout ce qu’il contient ! C’est accepter la rencontre avec l’instant. Pour cela, il faut non seulement s’autoriser à y aller, mais aussi y aller en étant conscient que nous ne l’avons jamais vécu…

Rien d’anodin donc dans la pratique de la méditation, ni dans les méditations sur les sons, sur la marche…

Peut-on revivre ce que l’on a déjà vécu ?

Parfois, quand nous voyons que quelque chose est mal engagé, nous aurions envie de tout recommencer à zéro… Mais ce n’est pas possible, même un simple pas, une fois que vous l’avez fait, vous ne pouvez pas le défaire. Christophe André raconte l’histoire suivante :

L’instructeur de méditation nous avait réunis tous en rond. Puis demandé de faire un pas en avant. Après quelques secondes de silence, il nous avait dit alors : « Et maintenant, essayez de ne pas avoir fait ce pas. »

Jamais entendu, ni surtout vécu, un truc aussi frappant sur l’inanité qu’il y a à éprouver certains regrets. Nous pouvons faire un pas en arrière bien sûr, mais ce premier pas en avant, il est fait, pour toujours, nous ne pourrons jamais l’effacer.

Il est donc maintenant clair que ce n’est pas possible de recommencer quelque chose, mais par contre à chaque instant nous avons la possibilité de commencer quelque chose, de commencer à neuf, délivrés des encombrements de notre passé et de nos habitudes !

Qu ‘est-ce qui nous empêche de commencer quelque chose à neuf ?

Beaucoup de choses : ce sont toutes nos habitudes de comportement, de pensée, de paroles, toutes les traces du passé que nous portons avec nous, de façon plus ou moins consciente, et qui limitentnotre marge de manœuvre. Et la peur de perdre les quelques (maigres) satisfactions que nous apporte notre situation actuelle, même si au fond de nous, nous savons qu’elle est insatisfaisante…

Comment couper ce flux des habitudes, des maigres avantages acquis, qui fait que nous continuons sur notre lancée, que nous obéissons à des ordres inconscients, que nous sommes comme une marionnette pilotée par les fils de réactions héritées du passé ?

Une des réponses c’est l’espace. nous faut mettre de l’espace dans nos vies, l’espace de la liherté de choisir, tout commencer comme si e était la premiere fois. C’est souvent que nous manquons d’espace, que nous sommes comme étouffés par tout un tas de préoccupations, tellement pressés que nous n’avons pas le temps de réfléchir avant d’agir, et que donc nous agissons comme inconsciemment, sur un coup de tête ou même de façon réflexe sans comprendre pourquoi.

Découvrir, ou plutôt renouer avec l’espace.

Il y a l’espace entre l’esprit et les objets de l’esprit (sensations, pensées, émotions, états d’âme), qui fait que nous ne réagissons plus de façon automatique, aux injonctions de ces sensations, pensées et émotions.

Et il y a l’espace temporel : là où l’on a l’impression d’une succession ininterrompue de pensées, trouver cet espace entre deux pensées, deux sensations, une sensation et une pensée, qui stoppe la succession de cause à effet, cet enchaînement automatique.

Entendre le silence entre deux notes de musique.

Alors nous pouvons mieux voir, instant après instant, ce qui se déroule dans notre esprit, et la façon dont cela provoque nos actions : remonter à l’intention, voir le pouvoir de l’intention, comment l’intention pilote nos paroles et nos actes. Et si nous pouvons voir nos intentions avant qu’elles n’agissent, alors si elles ne sont pas appropriées nous pouvons les effacer, ou les laisser s’épuiser, tourner à vide avant de disparaître.

C’est comme la fameuse image du jongleur : si l’on regarde un jongleur de feu, on a l’impression d’un cercle de feu ininterrompu, alors que l’on sait bien qu’il s’agit d’un seul objet qui décrit un cercle, et qu’à chaque instant ce cercle est vide à l’exception du point où se situe l’objet.

Accélérer ou ralentir l’esprit ?

Il y a deux solutions : il faut accélérer l’esprit, ou ralentir l’objet (ou les deux).

Accélérer l’esprit ? Nous savons que l’esprit est plus rapide que tout, même plus rapide que la lumière. Si je pense à la planète Mars, j’y suis en une fraction de seconde, alors qu’à la vitesse de la lumière il me faudrait 4 minutes pour me rendre là-bas… Le problème est que le fonctionnement habituel de l’esprit le ralentit énormément : il « colle » à chaque pensée, chaque sensation, l’identifie, la commente, etc. avant de se décoller et d’aller se coller à la sensation ou pensée suivante. C’est un phénomène certes rapide, mais qui le ralentit énormément, et rétrécit son champ d’action : il est très difficile d’etre conscient de deux choses à la fois avec cet esprit. Si seulement nous pouvons nous entraîner à moins « coller » à nos pensées, alors l’esprit devient beaucoup plus rapide, et on peut alors prendre conscience de cet espace entre les objets de l’esprit.

Et l’on peut aussi bien sûr ralentir le rythme des pensees, c’est aussi l’effet de la méditation. Quand on commence à méditer, on est souvent dans l’agitation de nos préoccupations précédentes. Mais si l’on a la patience d’attendre assez longtemps, sans accorder trop d’attention à ces pensées, alors peu à peu elles vont se ralentir, s’espacer. Cela est vrai au cours d’une séance ou d’une retraite de méditation, si nous laissons l’esprit reposer en cessant de le stimuler en permanence, mais cela est aussi vrai au cours des années de pratique. Avec la pratique les pensées s’apaisent, nous sommes capables rester dans ce silence intérieur de plus en plus longtemps.

Alors il devient possible d’habiter cet espace, ce silence, ce calme, ce vide, qui nous permet de commencer à neuf à chaque instant. Nous ne sommes plus liés par la chaîne de nos habitudes, de nos réactions basées sur un passé périmé, mais maintenant nous voyons que les maillons sont séparés par l’espace, et que nous sommes libres de nos mouvements.

Chaque matin, une nouvelle aventure…

Chaque matin n’est plus un jour de la semaine, le lendemain de la veille et la veille du lendemain, un maillon dans une longue chaîne qui nous tire en avant, mais chaque matin existe de lui-même, comme une vie nouvelle qui s’ouvre à nous. Ce qui s’est passé hier est du passé, et ce qui se passera demain va dépendre de ce que nous faisons aujourd’hui.

Et l’on peut, détendu, se lancer joyeux dans la journée, avec la conscience de chacun de nos gestes. Même si ces gestes sont rapides, même si ce sont presque les mêmes gestes que nous effectuons chaque matin, il y a cet espace, ce calme qui baigne tout et qui donne un tout autre sens à ce que nous faisons. Nous le faisons en pleine présence et nous savons pourquoi nous le faisons.

Alors chaque instant est une naissance, chaque instant est un commencement.

Comme dans un jeu, à chaque instant nous recommençons une nouvelle partie, et nous sommes libres d’utiliser ce que nous avons appris de la partie précédente, ou alors de tester une nouvelle stratégie. Le passé n’est plus un poids, une ornière de laquelle on peine à sortir, mais un sac à malices, plein des enseignements de nos expériences précédentes, dans lesquelles on peut puiser, ou au contraire refermer le sac et laisser l’espace nous inspirer une solution nouvelle. Et l’espace c’est aussi la détente. Nous pouvons nous détendre, nous reposer dans cet espace, flotter, peser de tout son poids sans crainte de tomber. Et cette détente de l’esprit permet une détente du corps.

Et alors, même si l’on a fait un pas de trop en avant et que l’on ne peut pas aller plus foin, au lieu de se lamonter de ne plus pouvoir avancer sur sa lancée, alors la conscience de cet espace qui nous entoure permet d’envisager de rebrousser chemin, ou de faire un pas de côté, ou de sauter ou de plonger… Ne pas chercher à avancer parce que c’est ce que nous avons fait jusque-là. Oublier d’avancer.

Ouvrir les yeux sur ce qui est là, devant nous, autour de nous, et choisir la meilleure direction à prendre pour se sortir de là.

À chaque instant, à chaque respiration, nous pouvons nous connecter à cet espace, et retrouver notre liberté de mouvement, et aussi parfois notre liberté de ne rien faire, juste attendre patiemment que le moment cf’agir soit venu. Alors chaque instant est une découverte, chaque instant se déroule dans la curiosité, la joie de découvrir ce qui va se passer maintenant, ce que la vie va nous présenter comme défi, comme énigme à résoudre. Et comme dans les énigmes, la solution est déjà dans la question, à nous d’avoir un esprit assez vif pour la détecter.

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